CYRANO
S'affale sur une chaise du comptoir.
Quelle nouvelle inattendue! Malmenant mes doux sentiments, Pour cette muse du ciel descendue. Qui va à contre-sens de torrents D'idées, un regard - Oh Dieu ! - Un regard! Fut tout Pour lui, alors que moi, seul et sans sous, Je m'empresse de, malgré moi, lui conter fleurette, Pendant que lui, Christian de Neuvillette !
Il se lève violemment.
L'observe sans prévenues !
Fait les cents pas.
Amour cruel, sentiments mortels, M'entraînant sans un courant torrentiel, Moi et mes espoirs impossibles, A cause de ce nez d'apparence si terrible, Elle, la plus belle, est folle de lui, Lui,qui a été doté de beauté, la nuit Se permet - Oh, je n'y songe pas ! - de rêver d'elle
Pousse un faible cri.
Il serait laid - oh oui, horriblement ! - de pleurer d'elle !
Attrape une des pâtisseries sur le comptoir.
Cette fleur délicate, toute en finesses, Épris d'héros d'Urfé fait de maladresses, A qui je dois bonheur et misère, S'enquit de vouloir résolu ce mystère Et moi je n'ai qu'une chose à faire, C'est de m'en inquiéter et de la satisfaire, Car je lui dois toutes mes promesses, Avant d'achever bien des prouesses.
Il croque dans la pâtisserie et s'assoit.